Quels sont les usages et les projets en matière de systèmes d’information de gestion des ressources humaines dans les collectivités territoriales ?Sous la contrainte mais aussi avec la volonté d’aller de l’avant, les progiciels RH et la fonction RH ont fortement évolué depuis les années 2000.
Le passage de la direction du personnel à la direction des ressources humaines est acquis. La prochaine étape est l’apparition des directions des richesses humaines ! Si la paye reste la zone de sécurité et de priorité maximale, elle n’est plus un critère de choix de la solution RH en cas de renouvellement. La richesse fonctionnelle et les capacités de personnalisation peuvent être déterminantes dans le choix des outils mais ce que les collectivités attendent de plus en plus d’un éditeur ou d’un intégrateur c’est de l’accompagnement.
De trop nombreuses applications sont aujourd’hui sous utilisées car les collectivités se trouvent seules face à des démarches et des paramétrages complexes, remettant en cause leur organisation traditionnelle. C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit de développer une véritable gestion des postes et des compétences ou de déconcentrer des processus de gestion des RH.
Lorsque nous avons interrogé les collectivités pour connaitre leurs attentes en matière de SIRH, elles ont évoqué principalement la GPEC [1], la dématérialisation, la déconcentration mais aussi l’intégration de leur outil dans le Système d’Information de la collectivité. En réalité il s’agit d’aspects généralement couverts par le SIRH mais qui nécessitent, pour être déployés d’y consacrer un projet et de mettre en place un véritable dispositif d’accompagnement. De nombreux défis attendent encore les collectivités mais si l’enquête devait être résumée en un mot, le facteur clef de succès de ces projets serait d’instaurer un véritable dialogue entre les différents acteurs du SIRH.
Dialogue au sein des collectivités en premier lieu :
- Dialogue entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’oeuvre car les métiers de la DSI [2] et de la DRH [3] évoluent. La DRH s’approprie les démarches de gestion de projet. Elle voit aussi les métiers qui la composent évoluer fortement avec la prise en compte de la dimension système d’information pour les gestionnaires mais aussi pour les cadres. Dans le même temps, la DSI se fait chef d’orchestre et lorsque les solutions choisies sont ouvertes elle apporte son appui dans le développement et l’implémentation de procédures (workflow).
- Dialogue entre services, car un projet ressources humaines dépasse le duo «DSI – DRH » et impacte nécessairement l’ensemble de la chaîne managériale et les agents. La valorisation du projet et au-delà l’implication des partenaires de la DRH aux réflexions est essentielle.
- Dialogue au sein de la direction des ressources humaines, car un projet système d’information de gestion des ressources humaines est avant tout un projet organisationnel qui nécessite une réflexion sur les processus de gestion et la prise de conscience de l’impact des activités réalisées sur les autres domaines. L’approche humaine et individuelle reste essentielle dans les métiers de la gestion des ressources humaines, et l’automatisation des tâches administratives et l’analyse des données RH rendues stratégiques sont indispensables.
Dialogue entre les collectivités, car fortes de leurs expériences, chacune dans des domaines particuliers, elles ont beaucoup à s’apporter les unes aux autres et surtout elles doivent conforter un langage et des normes communes.
Dialogue avec les éditeurs car le marché s’est concentré et au-delà de la relation commerciale, chaque partie a intérêt à instaurer des relations partenariales durables.
Dialogue avec les partenaires publics, l’Etat et le législateur en premier plan car que les réformes concernent la décentralisation ou les évolutions statutaires elles ne prennent qu’encore trop peu en compte les impacts sur les systèmes d’information en place.
Le système d’information de gestion des ressources humaines n’est plus autonome, il est une brique contribuant au système global, la partie d’un tout.
Auteurs de l’étude
David BESSOT
Associé du Cabinet Infhotep
Marion ROBERT
Directrice du secteur public au sein du Cabinet Infhotep