Le continent africain reste encore très dépendant de ses matières premières bien qu’il ait entamé une diversification de son économie. Le pétrole, par exemple, représente plus de 90% de l’ensemble des exportations des huit principaux pays exportateurs de pétrole et près de 30% de leur PIB. Les échanges intra-régionaux se développent: la Tanzanie est le premier client du Kenya, la RDC le premier du Rwanda et le Nigeria est le premier fournisseur de la Côte d’Ivoire. Les services prennent une part de plus en plus importante dans l’économie du continent; ils représentent aujourd’hui 50,2% de l’économie du Ghana, emploient 45% de la population active au Liberia et 30% du PIB du Kenya est réalisé par transfert d’argent de mobile à mobile.
Nourrie par la plus forte croissance démographique du monde, l’Afrique subsaharienne pourrait devenir une locomotive de la croissance mondiale. Malgré une détérioration des prévisions notamment due à une baisse des cours des matières premières et au ralentissement de la croissance chinoise, certains pays réussissent à maintenir des perspectives très positives. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie ou de la RDC qui affichent des prévisions de taux de croissance moyens de l’ordre de 6% sur 2015 et 2016. Addis-Abeba, capitale éthiopienne, grâce notamment à sa volonté de développer un modèle d’intégration verticale, notamment sur le secteur du textile, est souvent citée comme la locomotive de l’Afrique de l’Est avec une croissance qui ne devrait pas s’établir en dessous de 7,5% d’ici à 2020. La Commission Économique des Nations Unies parle de l’Éthiopie comme de la plus grande économie africaine à horizon 2050.
L’Afrique subsaharienne comptera 2,8 milliards d’individus en 2030 dont la part en âge de travailler (15-64 ans) sera plus élevée que toutes les régions du monde combinées. En 2030, la classe moyenne africaine comptera plus de 500 millions d’Africains et 84% de la population subsaharienne, à horizon 2050, sera urbaine.
Pour faire face et accompagner ce développement, les infrastructures de transport constituent à la fois un facteur accélérateur ou limitant de la croissance et de la mutation économique nécessaire du continent. A titre d’exemple, le transport d’un conteneur entre Kampala en Ouganda et Mombasa au Kenya prend deux fois plus de temps et coûte deux fois plus cher que de le transporter de Londres à Mombasa. En 2013, la densité estimée du réseau routier africain était la plus faible du monde avec 7 km pour 100 km2. Conscient de ce retard limitant le développement, les projets foisonnent notamment en Afrique centrale où le taux de bitumage est le plus faible soit 2,2 km de route pour 100 km2. Le Congo réhabilite la route reliant Pointe-Noire à Brazzaville, construit des routes avec le Cameroun afin de relier le nord Congo à Yaoundé au Cameroun. Le Gabon a lui aussi lancé un gigantesque programme de modernisation de son réseau et est passé de 817 km de routes bitumées en 2009 à 1451 km début 2015.
Pour développer ce réseau et faciliter le transport de marchandises et de personnes, la stratégie du continent se porte sur le multimodal. A l’instar du réseau routier, le réseau ferré, héritage du passé colonial, prend une part importante dans les investissements. Longtemps laissés de côté par manque de rentabilité, des projets de réhabilitation et de construction de nouvelles lignes pour désenclaver certaines régions et certains ports se lancent. Ainsi le Congo a émis un appel d’offres en 2015 pour réhabiliter la ligne Congo-Océan qui relie Brazzaville à Pointe-Noire, la réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako devrait dynamiser les échanges avec le Mali et une ligne a été ouverte en 2015 reliant la Zambie, la RDC et l’Angola. Ces travaux doivent permettre de multiplier par plus de cinq le tonnage de marchandises transportées.
Bien qu’ayant été les premières à se développer, les infrastructures portuaires, portées par des opérateurs internationaux tels que le français Bolloré ou le danois APMT, continuent leur modernisation afin d’absorber les prévisions de la Banque Africaine de Développement qui chiffre l’activité portuaire à 2 milliards de tonnes à horizon 2040, contre seulement 265 millions aujourd’hui. La construction d’un deuxième terminal conteneurs à Abidjan avec l’élargissement et l’approfondissement du canal ou la mise en service en 2016 du terminal de Kribi au Cameroun illustrent cette modernisation.
Plus en retard, le transport aérien qui ne représente que 2,4% du trafic mondial de passagers dispose de belles perspectives. Le trafic devrait être multiplié par plus de cinq ces trente prochaines années. Des efforts de modernisation sont néanmoins à réaliser, les compagnies aériennes africaines représentent aujourd’hui la moitié des compagnies référencées dans la « liste noire » de la Commission Européenne.
Auteurs de l’étude
Olivier BERTRAND
Associé du Cabinet Infhotep
Daoya HAKMI
Consultante « Transformation et Conduite du Changement »
Edouard de RODELLEC
Chargé de mission au sein du Cabinet Infhotep