Sélectionner une page

Sous l’invitation de l’association croissance responsable, nous avons reçu pendant trois jours Frédéric Manzini, professeur agrégé docteur en philosophie, dans nos locaux.  Il a rencontré plusieurs collaborateurs et a vu en interne le fonctionnement du cabinet Infhotep.

Lucie Desnos, chargée de mission chez Infhotep : Pourquoi cette immersion ?

Frédéric Manzini : Pour trois raisons, à titre privé d’abord par curiosité pour voir de près la façon dont vit une petite entreprise dont les intérêts sont a priori très éloignés de ma pratique professionnelle mais qui est directement aux prises avec l’économie réelle. A titre citoyen ensuite parce qu’il y a une sorte d’incompréhension réciproque entre deux secteurs qui coupent la société en deux et le besoin de faire se rapprocher ces deux mondes me semble absolument fondamental (même si ce n’est qu’à une toute petite échelle). A titre professionnel, enfin, parce qu’en tant que professeur principal et chargé de l’orientation des élèves après le bac, il serait absurde de leur conseiller des parcours d’étude sans avoir une idée précise de ce dont il retourne.

Lucie Desnos : quelle est votre première perception du travail en entreprise ?

Frédéric Manzini : C’est calme ! Les professeurs sont au quotidien habitués à gérer une trentaine d’élèves qui ne travaillent pas tous dans le même sens (c’est un euphémisme !), alors que l’investissement des différents collaborateurs se fait toujours en concertation, en équipe, dans une perspective commune. Peut-être est-ce que je sous-estime les moments de tensions qui doivent exister ! Mais j’ai le sentiment qu’il n’y a pas ce face à face presque structurel entre le professeur et ceux auxquels il s’adresse.

Lucie Desnos : qu’avez-vous fait concrètement au sein du cabinet ?

Frédéric Manzini : J’ai surtout observé ! J’ai assisté à une réunion client, une réunion de travail, j’ai échangé avec plusieurs collaborateurs pour connaitre plus précisément le contenu de leur métier. Je me suis rendu compte que le métier de consultant demandait certes quelques compétences techniques mais que c’était loin d’être l’essentiel puisque le cœur de leur activité repose sur l’écoute des clients, l’analyse des données, la réflexion. Ces qualités ne sont au final pas si éloignées de ce que l’on demande dans les copies de philosophie…

Lucie Desnos : Est-ce que vos élèves ont connaissance de ce type de métier ?

Frédéric Manzini : Non, à l’évidence. L’école se concentre essentiellement sur des formations fondamentales mais n’est pas très ouverte sur le monde professionnel. Est-ce que ce doit être sa vocation ? Le débat existe dans la communauté éducative. Personnellement, je pense que compte tenu aussi des taux de réussite au bac qui ne devient presque plus un enjeu, les années lycée devraient mieux présenter les différentes voies que les élèves emprunteront.

Lucie Desnos : Pensez-vous que ce type d’expérience peut être généralisé ?

Frédéric Manzini : Je crois que la ministre le rend obligatoire pour les proviseurs maintenant. Ce pourrait être une excellente chose, à deux conditions : d’abord que ce soit réellement organisé et pas ajouté comme une charge supplémentaire dont personne ne s’occupe de la mise en œuvre. Et ensuite qu’il y ait davantage d’entreprises accueillantes pour ce genre d’initiatives.

Lucie Desnos : Un petit mot de conclusion sur Infhotep en particulier ?

Frédéric Manzini : J’ai été chaleureusement accueilli par Christian des Lauriers dont j’ai apprécié au-delà des qualités entrepreneuriales, les qualités humaines. En parlant avec les collaborateurs, je me suis rendu compte qu’elles étaient d’ailleurs sa marque de fabrique et que j’étais particulièrement bien tombé. Du coup, même si j’ai beaucoup appris sur les SIRH, le mentoring, la « conduite du changement », les SS2I et autres anglicismes et acronymes variés, nous avons finalement presque plus parlé ensemble de peinture et d’art.