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Une donnée doit être interprétée car elle n’est pas autoportante : c’est en cela qu’elle se différencie de l’Information. Son exploitation est soumise à la concaténation d’autres éléments et à leur interprétation, humaine ou automatisée. Il s’agit là d’un élément brut, hermaphrodite (autoféconde ?) et manipulable à l’infini. À la manière des planches du test de Rorschach, elles se transforment, se décryptent et engendrent de nouvelles interprétations entre les mains de ceux qui les manipulent.

Une donnée doit être responsable, sa création nous file entre les doigts à la vitesse de la fibre optique. La prolifération des données est à la fois le carburant et le revers de la médaille de notre société numérique. Pour autant, une création raisonnée est compatible avec notre mode de vie. Nous essaimons des données tout au long de notre double vie numérique et bien au-delà de notre vie terrestre. Il s’agit peut-être de ne semer que le minimum puisque toutes ces données jetées à la volée prendront racine.

Une donnée doit être civique, il s’agit d’un élément de notre identité numérique. Chaque citoyen numérique modèle peu à peu son doppelgänger numérique avec cette glaise qu’il tire de lui-même. En cela, la création, la conservation et l’exploitation de cette matière citoyenne doivent respecter les garde-fous législatifs pour le quidam virtuel ou physique.

Une donnée doit être importante. La banalité de la donnée en fait un élément de (sur)consommation quotidienne. Entre boulimie et endémie, la masse des données s’autogénère de manière croissante. Pour autant, cette omniprésence n’est que le résultat de sa duplication et de fragmentation. L’information générée et ses sources sont copiées et stockées par chaque utilisateur consommateur afin d’être toujours disponibles. Au fast-food de la donnée, la consommation est reine car la quantité l’emporte sur la qualité.

Une donnée doit être écologique, il s’agit du plus grand défi du numérique depuis l’ouverture de Web au grand public. Il est nécessaire de mener notre apocalypse de la donnée et de lever ce voile de croyance qui recouvre la génération et le stockage des données. Cette peur primaire de perdre notre histoire numérique nous fait déposer nos précieuses ressources dans les coffres-forts des nuages. Pourtant ces cloud et autres lieux de stockage virtuel ne sont qu’une porte vers un monde sans fin dont les ramifications s’étendent profondément dans la toile virtuelle. À la manière d’un palais des glaces ces données stockées se réverbèrent le long des réseaux virtuels, pour finir par se noyer dans les gargantuesques data center.

Au final existe-t-il une écologie de la donnée ? Nous pouvons affirmer que oui, il existe une écologie de la donnée bien que ce concept global soit difficilement appréhensible dans sa globalité. Au fil des articles, le constat devient de plus en plus net : ce concept est construit sur des strates, de la même manière que celles des forêts, dont chaque couche possède une nature et des règles qui lui sont propres. Pour autant, la gestion de cette forêt numérique est nécessaire afin de conserver sa diversité, protéger son écosystème et contrôler son développement. La gestion de la donnée est donc la base de ce concept d’écologie :

Pourquoi créer une nouvelle donnée ? Pour répondre à quel(s) objectif(s) ? Il n’en existe pas d’autre identique ? Quelle est la qualité de cette donnée ? De quoi a-t-elle besoin pour être exploitable ? Sur quelle échelle de temps cette donnée sera-t-elle exploitable ? Quelle est la valeur de sa conservation ?

La réponse à ces sept questions constitue la base de cette forêt numérique sur laquelle les différentes strates vont pouvoir se développer.

Anne-Charlotte

Anne-Charlotte

Lafarge